Saïda MENEBHI, Poèmes de prison et autres textes

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Il y a presque 40 ans, au Maroc, le 11 décembre 1977, mourait Saïda Menebhi, prisonnière politique communiste. Ses poèmes et son principal texte sur la prostitution au Maroc sont parvenus jusqu’à nous, lecteurs de langue française, par l’œuvre conjuguée de Saïda Menebhi elle-même qui a réussi à leur faire passer les murs de la prison de Casablanca et celle des Comités de lutte contre la répression au Maroc qui les avaient publiés en 1978.
Ce qui frappe, c’est l’étonnante intelligence et sensibilité de ses textes, qui parlent à la fois poétiquement et concrètement de la répression qu’elle subissait, et par là, de celle des prisonniers politiques au Maroc, mais qui évoque aussi la répression des communistes qui luttent en tout lieu et en toute époque.
Ce seul fondement universaliste aurait suffi à justifier la réédition des œuvres de Saïda Menebhi.
Mais, plus particulièrement depuis janvier 2016 au Maroc, la répression des mouvements syndicaux de professeurs, et des étudiants, ainsi d’ailleurs que celle qui frappe le Sahara toujours occupé, entre en résonance à quarante ans d’intervalle avec le contenu de ses poèmes.
Les Universités du Maroc connaissent en effet et ce, depuis plusieurs années des mouvements de lutte et de résistance pour contrer la politique de l’État réactionnaire marocain. La politique libérale et semi-féodale à la fois de l’État marocain croise privatisation et exclusion des fils et des filles du peuple de l’enseignement public.
Celles et ceux qui luttent contre cette politique le paient cher.
En janvier 2016, Les instituteurs stagiaires des Centres Régionaux des Métiers de l’Éducation ont été fortement réprimés alors qu’ils manifestaient contre deux arrêtés du ministre de l’Éducation Nationale. Ils étaient des milliers à manifester leur colère et à exposer leurs revendications à Casablanca, Fès, Oujda, Agadir et d’autres villes. La police est intervenue de manière extrêmement brutale.
En Février/Mars 2016, de violents affrontements ont opposé les étudiants de la Faculté des Lettres de Saiss à Fès aux forces de l’ordre marocaines. En février les étudiants avaient décidé de boycotter les examens suite au mutisme de l’administration face à leurs revendications (augmentation des bourses et de la capacité d’accueil de la cité universitaire). En mars, les forces de l’ordre avaient tenté de briser le mouvement occasionnant de nouveaux heurts.
Au mois de mai 2016, plusieurs étudiants avaient été arrêtés à Marrakech suite à des affrontements qui avaient éclaté entre les forces de l’ordre et les étudiants de la Cité Universitaire de Marrakech. Vingt-cinq étudiants ont été blessés. Une centaine d’étudiants avaient défilé dans les alentours de la Cité Universitaire pour protester contre le retard de versement des bourses et les forces de l’ordre les avaient repoussés puis chargés violemment. Les affrontements ont débuté dans ce contexte de répression du mouvement par le pouvoir générant de nombreuses arrestations et jugements.
Ikram Bourhim, Zakia Biya, Yassin Rahal, Ibrahim Kassimi, Hamza Alhamidi et Redouan Alallami ont été arrêtés au printemps 2016 et emprisonnés à Toulal et à Meknès. On apprit qu’ils avaient entamé une grève de la faim ouverte à partir du 30 mai – en particulier pour arracher le statut de prisonniers politiques et pour un procès équitable dans les meilleurs délais.
Leur lutte s’inscrit aussi pleinement dans celle de tous les détenus politiques au Maroc et reprend comme mots d’ordre : libération de tous les prisonniers politiques sans condition ; abandon des charges et des poursuites montées de toutes pièces ; ’abandon de la militarisation de l’université et de la circulaire tripartite ; droit de visite pour leur famille, pour les étudiants et pour tous ceux qui veulent ; visite durant toute la semaine ; amélioration des régimes alimentaires, le droit et l’accès aux soins, à la santé et à l’hygiène ; fourniture de livres, le libre accès à la bibliothèque et aux livres de référence, aux journaux, à tout ce qui peut contribuer à l’étude ; droit à poursuivre ses études ; autorisation d’une utilisation libre du téléphone pour pouvoir communiquer avec l’extérieur ; autorisation pour des promenades sur un temps suffisant et propice ; regroupement des prisonniers politiques dans une seule prison et dans les mêmes cellules ; fin de tout harcèlement et de toutes mesures d’exaction.
Enfin, Myriam Aamani a quant à elle entamé une grève de la faim à compter du 23 juin 2016 ; elle avait été arrêtée le 19 juin avec 12 camarades de lutte, suite à la manifestation des étudiants boursiers pour exiger le paiement de leur dû en mai 2016.
On apprit que les étudiants arrêtés à l’occasion des manifestations de mai 2016 étaient enfermés dans les deux prisons de Marrakech, celle de Boulmherz et d’Oudaya, où ils subissaient au quotidien des humiliations, des exactions, des violences physiques et morales de la part du personnel des prisons.
Dans ces conditions, il nous apparut nécessaire de publier à nouveau les textes de Saïda Menebhi, non seulement pour saluer la permanence du combat de nos camarades marocains, lesquels continuent la lutte initiée par Saïda Menebhi et tous les autres communistes marocains que d’une certaine manière elle a l’honneur d’avoir incarné ; mais également pour adresser depuis le Nord de la France où le groupe qui anime les Éditions « Mille Tempêtes » a pris cette initiative, le plus fraternel et chaleureux soutien aux prisonniers politiques marocains actuels et de leur dit ceci, avec nos mots:
Ne doutez pas un instant que vos luttes dépassent les murs des prisons où vous êtes actuellement enfermés, et même les frontières du pays pour le changement duquel vous vous battez ;
Ne doutez pas que vous êtes scrutés, écoutés et observés par d’autres camarades dans le monde qui rêvent du même progrès et que vos actions sont soutenues ;
Ne doutez pas que l’oubli n’a pas frappé Saïda Menebhi, loin de là, car le combat qu’elle incarnait était juste et qu’il est celui que vous portez aujourd’hui.
Gardez l’espoir, car l’espoir qui vit en vous nous permet à nous aussi d’avoir le goût de vivre et de lutter.
Le comité de rédaction
Éditions Mille Tempêtes

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