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Quand, le 20 janvier 1973, Amilcar Cabral fut assassiné à l’âge de 48 ans, ce n’est pas uniquement
le dirigeant d’un mouvement de libération dans une des dernières colonies en Afrique qui
disparaît, mais aussi et surtout l’internationaliste révolutionnaire qu’il était, un de ceux et celles
qui avaient bâti l’Organisation de solidarité avec les peuples d’Asie, d’Afrique et d’Amérique
Latine, l’OSPAAAL, mieux connue sous le nom de la Tricontinentale.
Le 7 mai 1954, dans la bataille de Dien Bien Phu, les troupes du Viet-Minh forcent le pouvoir
colonial français à se retirer du Vietnam. En Europe, les gouvernements et les médias parlent du
“Stalingrad de l’Occident”, de la “défaite de l’Occident”. C’est la première victoire décisive d’un
mouvement de guérilla contre l’impérialisme occidental, le prélude aux guerres de libération dans
le monde colonial. Depuis, les peuples de ce qu’il sera bientôt considéré comme le Tiers Monde ne
rêvent que d’une chose: “d’autres Dien Bien Phu, de multiples Dien Bien Phu” comme le décrira
Franz Fanon quelques années plus tard. En Algérie, à Cuba, partout en Afrique des mouvements
de libération se forment et la lutte armée se développe. Le nom de Cabral sera inséparablement lié
à cet entreprise qui a marqué la deuxième moitié du siècle passé.
Amilcar Cabral est né en 1924 à Bafatá, deuxième ville de la Guinée-Bissau. Ses parents étaient
des Cap-Verdiens issus d’esclaves guinéens. En 1945, il entame des études à Lisbonne pour
devenir ingénieur agronome. Avec l’Angolais Agostinho Neto, le Mozambicain Eduardo
Mondlane et d’autres, il y crée le Centre d’Etudes Africaines, qui servira à préparer et à ancrer la
lutte clandestine. En 1952, il fut nommé ingénieur et participe à un recensement agricole en
Guinée, ce qui lui permet de voyager dans tout le pays et d’obtenir une connaissance approfondie
du terrain et des populations. Lorsqu’en 1955 il accepte un travail dans une plantation de sucre en
Angola, il reprend contact avec son ami Agostinho Neto et participe à la fondation du MPLA. Le
19 septembre 1956, Cabral, de retour à Bissau, crée, avec une poignée de camarades, le PAIGC, le
Parti africain d’indépendance de la Guinée et du Cap-Vert. La lutte armée est déclenchée dès l’été
de 1962.
Le PAIGC commença son travail clandestin à Bissau, considérant, initialement, que la population
urbaine soit le fer de lance de la lutte contre le colonialisme portugais. En août 1959, une grève
d’ouvriers dans le port de Bissau fut noyée dans le sang par le pouvoir colonial. Pendant une
réunion du PAIGC en décembre 1959, le parti décide alors de développer la lutte armée et de se
focaliser sur les populations rurales. Les premières actions armées ont lieu pendant l’été 1962. En
janvier 1963, le front du Sud est établi, en juillet de la même année le front du Nord, et en
décembre 1964 le front de l’Est. Rapidement, des larges étendues du pays sont libérées. Les
troupes portugaises ne se risquent presque plus en dehors des zones urbanisées. Leurs opérations
consistent principalement de bombardements au napalm et au phosphore pour terroriser la
population civile. Les pays de l’OTAN continuent à fournir le régime fasciste du Portugal avec
l’équipement et les munitions requises pour ces massacres.
Cabral et les siens se voient dans un contexte internationaliste. Ils comprennent qu’ils pourront
seulement gagner et tenir dans un rapport de forces international favorable aux révolutions sociales
et économiques qu’ils tentent d’instaurer dans leurs territoires. Il y a beaucoup d’échanges avec les
autres mouvements de libération et les jeunes révolutions de Cuba et de l’Algérie. Pour coordonner
leur lutte et pour mobiliser la solidarité internationale, Cabral entreprend plusieurs voyages en
Afrique, en Europe et en Amérique. Il rencontre Che Guevara une première fois à La Havane, puis
encore en janvier 1965 à Conakry. Ils restent en contact par l’ambassadeur de Cuba à Alger, Jorge
Serguera, pour organiser, avec Mehdi Ben Barka, la Première Conférence de la Tricontinentale, où le 6 janvier 1966 Cabral prononce son discours sur
L’arme de la théorie. Discours qui reste un des textes majeurs de Cabral, et qu’il présente au nom des trois mouvements luttant contre le pouvoir colonialiste portugais, le PAIGC, le MPLA et le Frelimo.
Depuis, on le surnomme le Lénine d’Afrique, et certains l’appellent le Che d’Afrique.
Entretemps, dans les colonies portugaises, les forces de la guérilla se transforment de plus en plus
en armée régulière. Elles ont besoin d’armes anti-aériennes contre l’aviation portugaise, qu’elles
n’obtiennent que vers la fin des années soixante. Ce n’est qu’à ce moment-là, aussi, que la
solidarité internationale devient plus pratique en dehors des pays du Tiers Monde. En Europe,
l’année 1969 voit plusieurs actes de sabotage contre des installations portugaises. Dans le port de
Hambourg, en Allemagne, une bombe endommage trois corvettes destinées à la marine portugaise.
Des actions en France retardent sérieusement la livraison d’avions militaires par Dassault.
Lorsqu’en 1972 le PAIGC contrôle l’essentiel du pays, des élections sont organisées. Le 24
septembre 1973, la Guinée-Bissau proclame son indépendance, reconnue par le Portugal le 10
septembre de l’année suivante. Son premier président est Luis Cabral, le demi-frère d’Amilcar.
Après la “révolution des œillets” d’avril 1974, le Portugal ne peut s’opposer au retour du PAIGC
au Cap-Vert. Le 30 juin 1975, les Cap-Verdiens élisent une Assemblée Nationale à laquelle le
Portugal reconnaît la souveraineté le 5 juillet. Aristides Pereira, un des dirigeants du PAIGC,
devient le premier président du pays.
Après plusieurs tentatives préalables, Amilcar Cabral est assassiné à Conakry en janvier 1973,
trahi par deux de ses propres compagnons agissant pour le compte des impérialistes. Bienque le
PAIGC avait déjà gagné la lutte pour l’indépendance, Cabral restait, pour eux, un homme
dangereux. Comme l’écrivait le Che à son ami Armando Hart, “l’instinct de l’impérialisme est
supérieur au nôtre dans ces aspects-là.”
Cependant, les pensées et l’exemple d’Amilcar Cabral restent plus actuels que jamais. Il a été un
des révolutionnaires des plus conséquents et indispensables, un dirigeant étroitement lié à son
peuple et profondément imbu des valeurs fondamentales de la lutte anticapitaliste et
anti-imperialiste. Dans les textes reproduits ici, il a exposé des positions claires sur des sujets qui
nous concernent toujours, tels la domination impérialiste, les stratégies et tactiques
révolutionnaires, l’étude de l’histoire, l’étude des classes sociales, l’importance de la culture à la
fois comme instrument de domination et arme de résistance
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